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Chapter 13 - 13- Le piège se referme

Chapitre 13 — Le piège se referme

Le samedi soir approchait, et Camille ne laissait rien au hasard. Depuis plusieurs jours, elle observait Maya avec une précision chirurgicale. Au travail, elle croisait son regard, l'air détaché, mais derrière son sourire poli se cachait une tension électrique. Tout en elle criait méfiance, mais elle n'en laissait rien paraître.

Elle avait proposé une sortie anodine, une simple soirée à quatre : Maya, son prétendu compagnon — qu'elle ne connaissait même pas encore —, Adrian et elle. Une manière habile de rapprocher les deux couples, en apparence, mais en réalité, Camille savait exactement ce qu'elle cherchait : provoquer une réaction, créer un malaise, déstabiliser leur mascarade.

Le samedi soir arriva. Camille avait choisi un restaurant élégant mais discret, dans une ruelle du centre-ville. Un lieu tamisé, parfait pour observer sans être vue, pour décrypter les gestes, les regards, les silences.

Elle arriva avec Adrian, main dans la main, comme un couple sans histoires. Adrian était nerveux, elle le sentait. Il avait accepté la sortie trop rapidement, comme pour éviter les soupçons. Il s'était même montré enthousiaste. Trop enthousiaste.

— Tu es sûr que ça ne te gêne pas ? lui avait-elle demandé la veille. — Bien sûr que non ! C’est une super idée. Je ne connais même pas son mec, ce sera l’occasion.

Mensonge. Camille avait repéré le petit tressaillement au coin de sa bouche, ce micro-signe qu’elle avait appris à reconnaître chez lui. Ce tic qui revenait chaque fois qu’il mentait.

Maya et son "conjoint" les rejoignirent quelques minutes plus tard. Camille les observa s’approcher. Maya portait une robe noire élégante, sobre mais séduisante, et tenait le bras d’un homme brun, aux traits lisses, presque trop parfaits. Il semblait nerveux, lui aussi.

— Bonsoir ! s’exclama Maya avec un sourire éclatant. — Bonsoir à vous deux, répondit Camille d’un ton chaleureux, presque trop.

Les présentations furent rapides. L’homme s’appelait Loris. Camille le détailla en silence. Il n’avait rien d’un homme qui partage la vie de Maya. Leur complicité semblait... jouée. Leurs gestes trop précis, leur proximité forcée. Il y avait là quelque chose d’artificiel. Elle en était convaincue.

Le dîner débuta dans une ambiance cordiale, mais pesante. Camille menait la conversation, posait des questions, lançait des regards appuyés. Elle observait Adrian du coin de l’œil à chaque fois que Maya prenait la parole. Il évitait parfois son regard. Et quand leurs yeux se croisaient, elle sentait une tension dans l’air, imperceptible pour les autres, mais brûlante pour elle.

— Alors Loris, comment vous êtes-vous rencontrés ? demanda Camille avec un sourire sincère.

L’homme sembla hésiter une fraction de seconde. Maya intervint rapidement.

— Oh, une soirée chez une amie commune, tu te souviens ? On s’est croisés dans la cuisine…

— Oui, oui, la cuisine, répéta Loris avec un rire nerveux.

Camille hocha la tête, faussement impressionnée. Elle croisa le regard d’Adrian, qui fixait son verre. Elle sentait sa nervosité monter.

Tout au long du repas, les échanges se poursuivirent, mais Camille jouait avec finesse. Elle notait chaque décalage, chaque silence étrange, chaque regard fuyant. Puis, lorsque le dessert fut servi, elle lança la phrase qui ferait vaciller l’équilibre.

— Et si on partait en week-end tous les quatre, prochainement ? Un petit séjour en bord de mer… Qu’en dites-vous ?

Un silence s’installa. Maya resta figée une seconde de trop. Loris écarquilla légèrement les yeux. Et Adrian… baissa la tête.

— Ce serait génial ! s’exclama-t-elle finalement. N’est-ce pas, Loris ?

— Euh… oui, oui, bien sûr, répondit-il, visiblement pris au dépourvu.

Camille sourit. Le piège fonctionnait. Elle avait planté la graine du doute, poussé chacun à la limite de son confort. Elle savait que Maya chercherait un moyen d’éviter cette idée. Elle savait que Loris disparaîtrait sûrement du tableau dans les prochains jours.

De retour à la maison, Adrian semblait préoccupé. Camille n’ajouta rien. Elle le laissa seul avec ses pensées. Le silence devint un allié précieux.

Le lendemain matin, alors qu’il se levait plus tôt que d’habitude, elle le regarda depuis le seuil de la porte.

— Tu vas quelque part ?

— Je… Non, je vais juste courir un peu.

Il n’avait jamais couru un dimanche matin.

Camille sourit intérieurement. Tout se mettait en place. Les masques glissaient. Bientôt, elle n’aurait plus besoin de poser de questions. Les réponses viendraient d’elles-mêmes.

À suivre...

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